Diverses documentations et archives

Tout d'abord, le classique CV pas à jour (les CV ya rien de plus chiant à faire)


Ensuite, le site de Paint it Blank, duo de peintres Alain K / José Cardoso


La playlist Alain K, tous les morceaux ayant inspiré ou servi de titres aux travaux d'Alain K


Et pour finir,  l'ancien site d'Alain K

Emmission de yve Tenret sur Radio Alligre - 2018

Discussion entre Yann Perol, Loïc Conanski et Yves Tenret autour du texte Les méduses

 

Alain K par Yann Perol - 2010

«Le sérieux fortifie les idées. Il les solidifie même jusqu’à ce qu’elles finissent par boucher la pensée. Cholestérol de l’imaginaire, le rire le fendille par à-coups, jusqu’à ce que la lumière passe à nouveau.»1
Alain K est un artiste qui sévit aussi bien en dessin, peinture, que vidéo, il élabore à travers ces différents médiums une œuvre empreinte d’humour. Artiste antidisciplinaire, Alain K adopte la posture du ratage comme métaphore de la condition d’artiste. Dans la lignée des artistes « idiots »2 il met en péril l’ordre du monde pour faire apparaître un champ de possible illimité. L’Absurdité est omniprésente dans son travail et permet la mise en faillite du réel mais elle permet également la destruction et la mise en péril de la notion d'artiste.
Alain K crée des personnages, comme avec la série l’homme canon, il se dédouble et se met en scène en une sorte de Monsieur Hulot de l'art contemporain. Ses personnages se retrouvent dans des situations « pitoyables, ridicules, inutiles, stupides"3 pour devenir une image subversive contrecarrant ainsi les stéréotypes liés à l’art contemporain. La condition d'artiste est double pour Alain k, elle est liée à un abandon de lui-même au travers de ses personnages mais elle est aussi un engagement, une sorte de contestation, il a décidé « de devenir résistant. Il n’y a plus d’occupant à combattre, il y a juste une société qui pousse de partout. Qui pousse à paraître toujours sous son bon jour. Qui pousse à toujours faire mieux. Qui pousse à être efficace, raisonnable »4 . Alain K se positionne en retrait du monde, en spectateur, il se met à distance , il y a un refus de la société et de ses codes ; Alain K occupe la marge mais dans un même temps il parasite ce monde, le transforme : "Tu refuses d’être un gagnant.
Tu refuses même d’essayer." Cette attitude est celle qui s’apparente à ce qu’énonce Hakim Bey avec la TAZ : « la meilleure et la plus radicale des tactiques sera de refuser l'engagement dans une violence spectaculaire, de se retirer de l'aire de la simulation, de disparaître. »5 Le choix de l’infamie, de l’autodérision est un retrait mais de ceux violents dont parle Henri Laborit dans son ouvrage « Eloge de la fuite ». Face à une situation de tension plusieurs choix s’offre à l’individu et celui de la fuite permet d’éviter de rentrer dans le jeu des "dominances » il permet de se préserver et en même temps il est la possibilité d’une construction, en "fuyant" dans l’imaginaire. 
 « Pour Laborit, c’est là le seul palliatif acceptable et utile. Il place ainsi la création au sommet de tout, et en fait le principe le plus important qui soit, le seul qui nous permette d’avoir une chance d’évoluer dans un sens intéressant" .6
Tu décrètes que le ridicule est politique.7
Alain K transfigure le banal par son humour, le monde quotidien ainsi détourné par l’humour est une permanente possibilité d’introduire de la poésie et du rêve. « Contre la bêtise qui s'ignore s'élève le rire de l'idiot. Contre les excès d'un art «engagé» se tient le rêve d'une pensée légère. Et si le jeu n'était pas seulement l'apanage des enfants, mais le signe ironique d'une pensée sérieuse — qui fuit tout ce qui est lourd par profondeur ? »8
Il s’agit pour Alain k de « faire du jeu un principe moteur dans un monde ou le sérieux des officiels, là comme ailleurs fait des ravages »9 . Par le rire l’artiste fait acte virulent de critique sociale, le rire est ici une véritable arme de bataille contre la léthargie mentale. Faire le con, assumer une esthétique de l'idiotie s'impose comme une évidence, conscient qu'elle est désormais le moteur le plus efficace de la subversion dans l'art. L'idiotie s'offre comme une possibilité de relecture du réel, elle devient alors une puissance de création qui ouvre de nouveaux champs d'expérience. Pour paraphraser Jean Dubuffet 10, afin de rester anti-conformiste, l'artiste se doit d'endosser un rôle proche de celui du fou, quitte à surprendre et à dérouter.
Avec un goût pour l'irrévérence, Alain K se joue des codes du beau, du bien, du bon et n'hésite jamais à prendre le contre-pied de l'esthétique conventionnelle pour la dénoncer. Il lutte avec application contre l'arrogance de la supériorité intellectuelle affichée par le milieu de l'art. Alain K use de la parodie, de la satire, de jeux de mots et d'autodérision. Le rire est pris par Alain K très au sérieux. Il permet de mettre le monde à distance.
Yann Perol
1-Jean-Michel Ribes (sous la direction de), Le rire de résistance, Paris, Beaux Arts éditions, 2007, p.5
2-Jean-Yves Jouannais, L' idiotie : Art, vie, politique-méthode, Paris , Beaux Arts Editions, 2003.
3-Alain K, Ridicule et politique, de la manière de justifier un travail par ailleurs injustifiable, avril 2008.
4-Ibid.
5-Hakim Bey, La T.A.Z. Première édition française, mai 1997, Éditions de l'Éclat, Paris. p.15
6-Benjamin, Sur l’éloge de la fuite , ou la question des straégies de domination. Article 11, 2008.
7-Alain K, op. cit.
8-Frédéric-Charles Baitinger, compte rendu de l’exposition « It’s not funny » curateur yannperol, sur le site Paris Art, 2007.
9-Michel Onfray, Politique du rebelle (traité de résistance et d’insoumission), Paris, Editions Grasset et Fasquelle, 1997, p.249
10-Jean Dubuffet, asphyxiante culture, Paris, Editions de Minuit, 1986.

Alain K par Estelle Artus - 2005


« Ma vie est formidable »
Texte de Estelle Artus sur le travail de Alain K  paru sur le site de Paris-art.com

Alain K ne cherche pas à être le témoin de sa propre vie. S’il est vrai que sa pratique artistique est engagée dans une attention permanente portée sur son quotidien, elle se déploie sans le filet de protection du photographe confortablement retranché derrière l’appareil. Alain K nous montre un quotidien sans mise en scène où sa présence physique est toujours perceptible autrement qu’en terme de « regard qui décide » de ce qui sera cadré ou pas, choisi, photographié, retenu pour une hypothétique postérité. Sans narcissisme aucun, il se situe en tant qu’acteur de ce quotidien que ce soit dans ses films[1] où lorsqu’il photographie systématiquement son ombre portée sur les écrans des galeries[2]. D’autres films révèlent alors sa présence, tout comme les visages croisés sur ses photographies, prises la plupart du temps lors de fêtes et de sorties entre amis, dessinent en creux une vie qualifiée avec humour de « formidable »[3]. L’extrême qualité de ce travail est bien dans un premier temps sa capacité à transfigurer le banal, pour reprendre un titre connu, sans avoir l’air d’y toucher. Le moindre accident de la vie courante devient ainsi une épopée : tombé en panne sur le bord de l’autoroute, Alain K chante « We can be heroes » et se filme[4], ou commence une vidéo qu’il n’achèvera jamais parce que trop ivre[5]. Avec grâce et sans fausse pudeur il n’utilise pas sa vie pour « faire de l’art » mais révèle ce qu’elle a d’extraordinaire, de drôle, de tragique[6], et s’il nous parle de solitude[7], de nostalgie[8], ou de mise en danger[9], c’est toujours avec humour et retenue. Peut-être parce que ses œuvres s’adressent à ses amis autant qu’à lui, Alain K aime à travailler avec d’autres. Avec ses proches d’abord (performances et installations réalisées avec Laurent Quénéhen et Monsieur Maill.et) mais aussi avec les travaux d’autres artistes contemporains qui apparaissent dans ses réalisations plus ou moins directement – ceux-ci faisant tout autant partie de sa vie en terme de quotidien. Des œuvres donc où il « s’inscrit » (série des « Ombres de moi-même »), qu’il se réapproprie (paroles de chansons célèbres reprises) ou  détourne  (dialogues du film « Les parapluies de Cherbourg » par exemple réenregistrés par d’autres protagonistes dans « Guy et Geneviève »). Tout ce qui traverse la vie d’Alain K est très naturellement associé à ses réalisations et ce n’est pas un hasard s’il fait régulièrement référence à sa vie passée de chanteur que ce soit dans ses films («One two tree four five six seven eight») dans ses photographies et jusque dans ses vêtements dans sa dernière réalisation intitulée «Quand j'étais chanteur». Ce travail, récemment exposé au salon Jeune Création 2003, se dissociait en une photographie où l’on peut lire « J’ai appris que Mick Jagger est mort dernièrement » taggué sur un mur du 13ième arrondissement, un polaroid, et… un tee-shirt noir où s’étalait en lettres brodées « Ma femme attendait, planquée, dans la Mercedes » ! Si l’art peut nous aider à vivre alors Alain K est artiste qui sait mieux que quiconque nous faire comprendre à quel point nos vies sont formidables. 






[1] « Laissez moi danser », film.
[2] Série « les ombres de moi-même », diaporama.
[3] « Ma vie est formidable », diaporama.
[4] « We can be heroes (en attendant la dépanneuse) », film.
[5] « Tentative», film.
[6] « Unseren leben ist 22 bars » (ou encore « les 22 bars »), performance et photographies.
[7] « Mon nouvel ami », photographies, films
[8] «One two tree four five six seven eight», film, «Guy et Geneviève», installation vidéo, «Quand j'étais chanteur», photographie et tee-shirt.
[9] « Court circuit », film.